Gérard Poujade. Maire du Séquestre. Vice-Président ESS et circuits courts Com. Agglomération Albi
Cette crise sanitaire nous l’aura démontré, il va être impératif que, localement, les territoires se mettent en ordre de marche pour anticiper ce qui correspond aux besoins vitaux et nouveaux des citoyens.
La mondialisation, la confiance aveugle dans un système d’abondance nous ont rendu totalement dépendants de centres de décisions qui nous sont indifférents pour le mieux, et hostiles, parfois.
Je souhaite que la communauté d’agglomération se penche sur la possibilité de produire, ou de faire produire localement des produits correspondants aux premières nécessités.
Et pourquoi ne pas commencer par les masques et le gel hydro alcoolique dont nous avons tant besoin, et pour lesquels nous ne savons pas vers quels fournisseurs nous tourner pour répondre à nos besoins.
Il faut que nous organisions la logistique et la livraison de ces produits – et certainement pas que ceux-là – pour qu’ils soient retirés d’une logique de marché.
De la même façon, nous allons devoir regarder, et nous impliquer, dans la production agricole et alimentaire locale. Aujourd’hui plus de 90% de ce que produit un agriculteur n’est pas consommé à 50 kilomètres de sa ferme, et plus de 90% de ce que mange la population n’est pas produite dans un rayon de 100 kilomètres. Nous allons devoir repenser l’autonomie alimentaire. La crise montre tout d’un coup que l’agriculture manque de bras. Pour ma part, je crois fermement que dans nos territoires ruraux, c’est bel et bien la terre qui pourrait être le premier vecteur d’emplois, de revenus. Il faut en finir avec tous les agribashings, et je sais - fils d’agriculteur, moi-même – que ceux qui sont souvent les plus féroces pour dire du mal des agriculteurs sont les agriculteurs eux-mêmes.
Dès que nous ne serons plus confinés, je proposerai que les instances de l’agglomération organisent cette opportunité de produire localement ce que nous avons sous-traité à l’autre bout de la terre. Personne ne s’est posé cette question très simple : ces sous-traitants du bout du monde seraient-ils disponibles le jour où nous aurons grand-besoin de ces produits ? Ou, pire encore : Ces sous-traitants, ou les états avec lesquels ils travaillent, ne seraient-ils pas tentés d’exercer un chantage sur nos démocraties, sur nos indépendances pour accepter de nous livrer ?
La crise du coronavirus est l’opportunité de se poser cette question. Comment assurer notre autosuffisance pour les besoins vitaux ?
Celle-ci peut nous permettre de relocaliser des emplois perdus à l’autre bout du monde.
Aujourd’hui, plus que jamais, relocaliser est synonyme de dynamisme économique, de santé publique et protection du consommateur et de son environnement. Une agglomération, de par ses compétences propres, peut agir en ce sens. Nous possédons les ressources et les outils pour changer de cap et faire entrer notre collectivité dans une nouvelle ère. Je sollicite la mise en œuvre d’un large travail dans ce domaine.
L’effort à faire est colossal, mais il est prioritaire.