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Gérard Poujade. Maire du Séquestre. Vice-Président ESS et circuits courts Com. Agglomération Albi

Après le confinement… Le télétravail ? Un geste barrière de plus ?

Et tout d’un coup, des salariés, des entreprises se rendent compte que le télétravail peut exister, mieux qu’il peut être efficace, mieux encore qu’il s’agit d’une disposition de travail qu’il faudrait peut-être bien exploiter.

Malgré tout, un certain nombre de freins existent.

Pourquoi le télétravail agace-t-il ?

  • Objection n° 1 : Le télétravail ne concerne pas tout le monde. 
    Il faut bien le dire, le télétravail ne peut pas concerner tous les métiers. La crise du COVID-19 vient de faire la démonstration que les personnels dont on a le plus besoin exercent des métiers où la présence, le geste imposent une présence physique : Les infirmières, les éboueurs, les forces de l’ordre… Le télétravail ne concernerait qu’un tiers de la population.
  • Objection n°2 : le management par le contrôle.
    Il est une tradition de petit chef de vouloir tout le monde sous contrôle. Et plus un cadre est mauvais, plus il souhaite contrôler ses troupes. Il est assez fréquent qu’un chefaillon qui ne ferait rien chez lui n’ait aucune confiance dans ses troupes laissées à leur propre sort ! 
  • Objection n°3 : le télétravail est une affaire de bobos.
    Les professions de cadres sont plus adaptées au télétravail que les tâches opérationnelles (objection n°1), cela conforte cette idée que seules les professions intellectuelles sont adaptées.
  • Objection n°4 : il n’est pas aisé de travailler chez soi.
    Soit parce que les enfants courent autour du poste de travail, soit par manque de place, le domicile ou la situation personnelle peut ne pas être adapté. D’autres personnes ont besoin de disposer d’un cadre en dehors du contexte personnel pour bien travailler.
  • Objection n°5 : le télétravail casse les relations professionnelles.
    En restant seul chez soi, il est évident que les relations entre les employés d’une même entreprise seront plus distendues. Cela peut être une objection pour l’employeur car cela diminue l’esprit d’équipe ou l’esprit d’entreprise. Cela peut aussi être une objection pour les salariés car cette distance réduit la possibilité collective ou syndicale d’intervention.

Toutes ces objections existent. La séquence qui vient d’être imposée à tous les employeurs a tordu le bras à toutes les objections pour un temps donné. Celles-ci demeurent et n’ont pas perdu leur fondement.

En revanche, l’expérience a permis de mettre à l’épreuve l’idée que l’on se fait de ces freins. Et les retours sont nombreux de ceux qui ne pensaient pas cela possible. En télé travaillant, on peut se concentrer sur des dossiers. On évite des déplacements. On y trouve plus de confort.

Nombreux sont ceux (employeurs et employés) qui se rendent compte qu’une partie du travail suivant ce mode est possible.

 

Alors juste quelques calculs pour dire ce qu’il en est sur des enjeux environnementaux. La distance moyenne parcourue par un français pour se rendre en voiture à son travail est de 20 km. La part de la population qui peut télé travailler est de 30% sur un total concerné de 30 millions d’actifs.

En prenant pour hypothèse que 1 jour sur 5 de travail, ces personnes se mettent dans cette nouvelle configuration de travail, cela donnerait les résultats suivants.

Pour une personne qui travaille à temps plein, les déplacements non parcourus représenteraient une économie annuelle de 1.800 € environ.

Avec une émission moyenne de 130 gr de CO2 au km, chaque personne éviterait 234 kg CO2 annuel.

Maintenant regardons ce qu’il se passe au niveau national.

Sur la base d’une consommation de 6 l aux 100 km, la France consommerait près d’un milliard de litres de carburant en moins. Cela veut dire une économie sur ce seul poste de 1, 2 Milliards d’euros (Md€). Si l’on considère que le coût global d’un kilomètre de voiture revient à 35 centimes d’euros (achats, assurance, entretien, carburant, péages…), l’économie pour les familles serait de l’ordre de 16, 2 Md€, soit 0,7% du PIB français. Cela veut dire une distance parcourue globale de plus de 16 milliards de kilomètres en moins. Ce qui représente un besoin de 100.000 voitures en moins tous les ans.

Notons que pour les routes embouteillées, ce serait 6% de trafic en moins. Et cela contribuerait à réduire de 2,6 millions de tonnes de CO2 chaque année, soit 0, 03 t de CO2 par an et par habitant. Pour mémoire, notre production actuelle est d’un peu plus de 5 t.

 

Certes tout le monde ne peut pas télé travailler. Mais il en va du télétravail comme du coronavirus. Ceux qui travaillent de chez eux contribuent à protéger tout le monde. C’est moins de CO2, moins d’embouteillages, moins d’accidents, moins d’importations de produits pétroliers, certainement moins d’assurances, plus de revenus, plus de temps libre gagné sur le temps de déplacement.

Il y aurait certainement moins de morts sur les routes, le télétravail pourrait être plus efficace que la modification de la vitesse sur les routes nationales et départementales !

C’est aussi une illustration que moins de PIB n’entraîne pas automatiquement moins d’emplois, moins de richesse. 

Cette baisse de 0,7% du PIB reviendrait à un plus de 245 € par habitant. Et il est bien difficile de dire quelle est la part de l’emploi perdu nationalement quand la dépense principale économisée provient d’achats qui n’ont qu’une très faible part nationale !

 

Le télé travail est un geste barrière de plus. En évitant un déplacement sur 5, chaque jour de télé travail contribue à une qualité de vie plus saine pour tous.

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