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Gérard Poujade. Maire du Séquestre. Vice-Président ESS et circuits courts Com. Agglomération Albi

Plan climat : ne manquerait-il pas quelques chiffres ?

AXE 3 du plan climat présenté par Nicolas HULOT : Supprimer les 7 millions de passoires énergétiques en 10 ans.

Dans le plan climat, quelques objectifs peuvent être déclinés ou calculés. L’axe 3 du plan Climat prévoit de supprimer toutes les passoires énergétiques d’ici 10 ans. Cela concerne environ 7 millions de foyers. Ancien conseiller régional de Midi-Pyrénées qui avait en son temps mis en place un éco chèque cela permet d’avoir un chiffrage possible de cet investissement. Sur plusieurs milliers de rénovation midi pyrénéenne l’économie moyenne réalisée était de 40% pour un investissement de 15.000 €. Le montant de l’investissement pour que cet objectif soit atteint est donc de 105 Md€. Dans le plan climat seulement 4 Md€ sont prévus dont la moitié devrait servir à la contractualisation avec les collectivités pour les écoles, hôpitaux et universités. Donc en fléchant cette somme de 2 Md€ pour les particuliers, il est d’ores et déjà très clair que cet objectif ne sera pas atteint, car une incitation inférieur à 2% du montant des travaux ne sera pas suffisant.

Stopper les voitures à moteur thermique d’ici 2040. 

Quelle production énergétique d’origine électrique faut-il imaginer pour fournir des batteries chargées à l’ensemble de ce nouveau parc automobile ?

Parc actuel : Il y a aujourd’hui 38,6 millions de véhicules. Depuis l’an 2000, la progression du nombre de voitures est de 350.000 unités par an. En imaginant que ce rythme soit divisé par deux, il devrait donc y avoir 42,6 millions de véhicules en 2040. Aujourd’hui chaque voiture parcours un peu plus de 17.000 kms par an. En poursuivant une baisse régulière du kilométrage parcouru on peut imaginer une distance moyenne annuelle de 15.000 kms.

La consommation électrique avoisine les 25 kWh pour 100 kms.

Ces chiffres donnent un besoin de 160 TWh (Téra Watt Heure). C’est le tiers de la production nationale électrique actuelle.

Pour mémoire, il ya en France 58 réacteurs nucléaires en activité. Si les propos du Ministre sont également respectés, cela veut dire qu’il va falloir trouver 33% d’énergie en plus avec un quart de réacteurs nucléaires en moins (si on en ferme 17).

Imaginons que cette production soit remplacée par du photovoltaïque. Je prendrais ici les chiffres de la ferme solaire de 8 ha présente sur ma commune qui a produit de l’ordre de 5 GWh en 2014. Pour produire une telle quantité il faudrait couvrir de panneaux 3200 kilomètres carrés soit un peu plus de la moitié d’un département. Mais comme il faudra aussi rouler l’hiver, recharger également la nuit, il est bien évident qu’une telle superficie n’est que très hypothétique.

Le véritable problème sera bel et bien celui-là, indépendamment de la source d’énergie, il sera primordial de savoir comment fournir l’électricité dont on aura besoin au moment où on en aura besoin. Le risque est celui du black out du réseau.

 

Le lien entre les passoires énergétiques et le chargement des moteurs électriques

Il y a en France 33 millions de logements (source INSEE), dont 19 millions d’individuels et 14 millions de collectifs. Pour diminuer l’empreinte écologique globale, il serait peut-être pertinent de fournir aux toitures des individuels la capacité à fournir l’électricité pour eux mêmes... et leur proche voisinage.

Sur les 19 millions de maisons, on peut estimer que près de la moitié d’entre elles se trouvent en zones classées, ou sont mal exposées pour recevoir l’énergie solaire. L’état devrait investi dans les 10 millions de toitures pour y installer la plus grande ferme photovoltaïque. A raison de 50 mètres-carrés par logement cela fournirait 500 km2 de panneaux, ce qui doit être l’équivalent de 1.000 km2 au sol. Il va falloir trouver les 2/3 manquants sur les entreprises, commerces, bâtiments publics et espaces morts.

Chaque installation (avec un prix industrialisé) pourrait revenir à 10 k€, soit un budget global de 100 Md€. Cette centrale produirait de l’ordre de 5.000 kWh par maison, il y aurait une production disponible de 50 TWh. On voit donc bien que nous serions encore loin du besoin pour les seuls véhicules. Cela d’autant plus que l’utilisation la plus pertinente pour les maisons deviendra immanquablement l’autoconsommation. Or, la consommation moyenne par foyer dépasse les 5.000 kWh annuels. Donc même avec un tel investissement, on n’a toujours pas réglé la question du réseau et de l’approvisionnement. Il est fort à parier que les foyers concernés pas la précarité énergétique vont aller à la diminution de leur facture énergétique du bâtiment avant d'aller au remplissage du réservoir électrique.

L’investissement sur le réseau, et plus particulièrement le « réseau intelligent » (souvent dénommé smart grid) est une composante indispensable d’un bon plan climat. Or, le réseau est très souvent le grand oublié de ce genre de projet. Il demeure un bel enjeu à fournir la puissance nécessaire à charger les voitures quand il n’y aura pas besoin de fournir le chauffage ou la puissance demandé par l’industrie. De la même façon, il faudra que ce réseau puisse utiliser les batteries des voitures déjà chargées en journée pour combler les éventuels manques de production. Mais à ce jour, il n’est point connu de chiffrage permettant un tel réseau. Ceci est un investissement à additionner aux 104 Md€ de la précarité énergétique aux 100 Md€ de l’équipement des toitures des maisons susceptibles de devenir auto productrices, et au coût du démantèlement des 17 centrales !

 

Enfin le plan climat renvoie souvent aux territoires en tant que partenaires associés à ces financements. Cela me paraît une très bonne idée... à ceci près que le gouvernement à fait savoir que ces mêmes collectivités allaient devoir se serrer la ceinture de 13 Md€.

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