Gérard Poujade. Maire du Séquestre. Vice-Président ESS et circuits courts Com. Agglomération Albi
Les communautés sont une invention récente. Elles ont contribué à simplifier la taxation des entreprises sur un même territoire, mais force est de constater qu’elles sont largement perfectibles. Elles ne génèrent pas les économies d’échelle attendues, du coup elles ne diminuent pas les frais pour les communes qui y adhèrent. Enfin, les élus ne sont pas choisis par un mode de scrutin direct ne fournissant pas une claire lecture de la gouvernance.
Du coup les campagnes électorales pour les municipales contribuent à entretenir la confusion entre les compétences de l’intercommunalité et celle des communes. Les citoyens – ce qui est tout à fait normal – sollicitent les élus sur des problèmes quotidiens, pour lesquels, ils risquent fort de ne pas être concernés.
Il découle logiquement de cette désignation à deux niveaux des projets intercommunaux faibles qui ne proposent pas de perspectives de développement pour les territoires.
Elu municipal et élu régional, je me permets une proposition en 10 points pour l’agglomération d’Albi qui pourrait bien être reprise dans presque toutes les agglomérations moyennes de la région Midi-Pyrénées.
Dès l’origine l’agglomération albigeoise aurait du intégrer Carmaux et Gaillac. Il aurait été créé une grande agglomération pour le nord du département. Les objections de l’époque – principalement le trop grand nombre de communes - sont aujourd’hui balayées par la réalité des autres intercommunalité. Il n’est pas rare de voir des EPCI (Etablissements Public de Coopération Intercommunale) dépasser les 50 collectivités. Mais l’ouverture sur les autres demeure un enjeu pour nos territoires faiblement peuplés. L’agglomération d’Albi ne peut pas rester sourde à ce qu’il se passe à ses portes.
Il est temps qu’Albi travaille avec la métropole. Le développement du nord du Tarn est très intimement lié à celui de notre capitale régionale.
Il est plus que temps qu’Albi travaille avec Castres. Ces deux villes ont des intérêts communs, elles doivent les conjuguer.
Dès la constitution de l’agglomération, il a été manqué le rendez-vous du regroupement des forces économiques. Il y a eu cette occasion de regrouper tous les services à Cantepau à la maison de l’économie.
Les enjeux économiques du pays sont concentrés dans les quelques métropoles de plus de 400.000 habitants. Les villes moyennes du pays doivent imaginer un développement qui leur soit spécifique. Mais la plus grosse erreur est de diviser les forces d’un territoire qui sont sensées avoir le même objectif.
Organismes consulaires, département, région et agglomération devraient imaginer comment mettre en synergie leurs efforts pour les agglomérations médianes comme Albi.
L’agglomération d’Albi est une des rares qui ne possède pas d’agenda 21. De ce point faible, transformons le en point fort. Mettons en place une structure de participation qui fonctionne. Le conseil de développement de l’agglomération ne s’est quasiment jamais réuni depuis sa création. Et pire encore, les structures de participation citoyenne et de concertation ne fonctionnent pas ou n’existent pas.
Utilisons tous les moyens à disposition (internet, rencontres citoyennes, consultations) pour associer la population à un projet global
La loi nous offre cette opportunité de réfléchir l’urbanisme ensemble. Ne pas le faire sera prendre un retard considérable pour le secteur du bâtiment, mais aussi pour la capacité que nous allons offrir à nos concitoyens. C’est le projet des 3 prochaines années. C’est un de ceux qui doit permettre de débloquer des réels intérêts communautaires. Aujourd’hui, la gabegie de l’intérêt communautaire des voieries ne peut plus durer.
Elle est inexplicable aux citoyens. La voierie dépend de l’agglomération mais dans des budgets communaux. La compétence est perdue en mairie, mais c’est la mairie qui passe les commandes. Il est urgent de définir ce que sont les voieries d’intérêt communautaire.
Ce travail là, pourrait être le préalable à un vrai et bon PDU (Plan de Déplacement Urbain). Il s’agit certainement du plus beau raté du mandat écoulé. Il a été réussi ce tour de force d’imaginer les déplacements de l’agglomération sans prendre en compte les déplacements de ceux qui ne sont pas de l’agglomération. Pour une ville qui se voudrait ouverte sur le monde, cela laisse à désirer. La campagne se focalise sur la passerelle. L’intérêt général devrait se pencher sur les déplacements en général.
La campagne a donné la part belle à la confusion des compétences sur ces sujets. Il serait temps de faire évoluer la compétence de l’agglomération pour que celle-ci gère et l’eau et l’assainissement. Nous avions inventé la tarification progressive au Séquestre. Aujourd’hui, nombre de villes se mettent à ce système qui fait économiser l’eau à tout un chacun, diminue la facture du plus grand nombre et permet également de faire des investissements. Des villes comme Dax, Dunkerque, Libourne s’y sont mises. Notre agglomération est en capacité de mettre en place un tel dispositif.
Les territoires médians des villes moyennes se doivent de réfléchir à la contribution qu’ils peuvent fournir au pays. Lorsque nous disposons de l’espace, la question de l’agriculture et de l’énergie devraient être systématiquement une priorité.
L’agglomération devrait imaginer comment rendre son territoire énergie positive d’ici 2025 ou 2030. Cela procurerait énormément de travail au tissu artisanal local. En effet rendre un territoire à énergie positive consiste dans un premier temps à savoir réaliser des économies. Ces économies portent sur le comportement que nous devons tous avoir pour consommer moins. Mais ces économies concernent également tous les travaux que nous devons faire pour que nos maisons, nos entreprises consomment moins. On le voit avec le succès de l’éco-chèque régional, cela procure beaucoup de travail à des PME locales.
Enfin, nous avons des capacités de production d’énergies renouvelables. Il existe de l’énergie hydraulique, jusqu’au cœur même de l’agglomération, le développement du photovoltaïque concerne principalement des particuliers qui équipent leur toiture. Ils sont en cela rejoints par nombre d’entreprises qui font aussi ce même investissement. Mais il existe plusieurs autres opportunités dans le biogaz, dans le bois énergie qu’il serait intéressant d’investiguer.
Parmi les charges que tous nos concitoyens vont avoir à payer dans les années à venir, il y aura la compensation carbone ou la contribution climat énergie. Quel que soit son nom, ce sera une charge supplémentaire pour tous. Il est un enjeu pour l’agglomération que de pouvoir proposer des solutions de compensation carbone dont l’objectif sera de faire économiser à nos concitoyens ses charges obligatoires. Nous devrions servir de lieu d’expérimentation. Si la compensation carbone se fait localement, elle pourrait bien devenir une ressource nouvelle pour le monde agricole local.
Dans le même esprit et dans une même logique qui consiste à veiller à ne pas faire augmenter la part des dépenses obligatoires pour un ménage, nous devons repenser notre relation aux déchets. Plusieurs villes en France ont mis au point un système de taxation des OM qui se révèle très efficace. La taxation est composée d’une part fixe, d’une part proportionnelle au nombre d’enlèvement des OM, et une autre part est liée au poids des ordures ménagères.
Sur une ville comme Besançon, les OM on diminué de 40%, principalement parce que les usagers sont devenus des « pratiquants » du compostage ou de la permaculture. Ils sont devenus également plus regardant sur les emballages surabondants. Enfin, ils sont devenus plus adeptes de l’apport en déchèterie permettant un recyclage plus important.
Et si la première moitié du mandat était l’occasion de faire de l’agglomération un territoire haut débit ? Pour le développement des entreprises, pour le confort des citoyens, pour pouvoir faciliter la participation citoyenne, le haut débit va s’imposer comme un élément du confort de vie des prochaines années.
N’attendons pas d’être « au fil de l’eau avec un équipement dont on voit bien que s’il est uniquement proposé par des opérateurs qui ne vont traiter que la part rentable de la ville vont renvoyer cette échéance au delà des années 2020.
C’est le lus grand défi que nous avons devant nous – toutes collectivités confondues. Un sondage récent indiquait que 80 % des maires avaient vu progresser la pauvreté sur leur commune. Il est plus que temps de relier le développement économique au développement sociétal des territoires. Pour cela la prise en compte de la pauvreté devrait être la pierre angulaire de toutes nos politiques. Comment l’économie sociale et solidaire devient partie intégrante de l’économie ? Comment les acteurs sociaux sont associés à nos décisions ?
Enfin dans la lutte contre la pauvreté, nous devons tous nous poser la question des impôts locaux. Nous devons œuvrer à ce que ceux-ci n’augmentent pas dans le temps de ce mandat. Cela concerne tout autant nos concitoyens que nos entreprises qui vivent les mêmes difficultés de l’austérité du temps présent.
Voilà les questions qui nous sont posées.