Gérard Poujade. Maire du Séquestre. Vice-Président ESS et circuits courts Com. Agglomération Albi
En 2018, il y aurait eu 250 000 primes attribuées pour l’acquisition de véhicules neufs moins polluants. Le montant de ces primes aurait représenté un budget de 500 millions d’euros pour l’état.
Mais pour quel résultat ?
Le parc de voiture en France est de l’ordre de 40 millions de voitures. Ce qui veut dire que le parc concerné par la prime ne représente que 0,6 % du total.
En clair si les nouvelles voitures ne généraient pas de CO2, la baisse des émissions serait inférieure à 1 %. Est-ce bien efficace ?
Quid de l’énergie grise ou des émissions carbones liées à la construction de ces voitures neuves ?
Bien malin aujourd’hui celui qui sait mesurer la quantité de CO2 d’une voiture neuve susceptible de donner droit à une prime de l’État. Le chiffre varie tellement d’un modèle à l’autre que je ne connais pas une étude qui donne un résultat probant. Mais je serais prêt à parier que les émissions de CO2 supplémentaires générés par ces ventes en plus sont supérieures au 1 % de gaz économisés. Ce qui voudrait tout simplement dire que ce demi-milliard est totalement inutile.
Et si le meilleur modèle consistait à faire durer les véhicules existants ?
Certainement à cause des difficultés financières, le parc automobile français est passé en quelques années de 10 à 12 ans de moyenne d’âge. Et chaque année, il se fait de l’ordre de 20 millions de contrôles.
Combien de kilomètres sont sensé faire les voitures ?
Il est clair que la réponse dépend de la qualité de l’entretien. Mais il ne doit pas exister beaucoup de voitures dont les capacités soient inférieures à 200 000 kilomètres. Et bien entretenues, des voitures fort nombreuses doivent pouvoir atteindre les 300, voire les 400 000 km.
Ne faudrait-il pas pousser ce type de comportement ?
Par exemple en finançant 50 % du contrôle technique des véhicules de plus de 8 ans, et à 100 % ceux des véhicules de plus de 12 ans ou plus de 200 000 km.
En faisant durer les voitures on économise l’énergie grise liée à la construction de véhicules neufs de manière considérable.
Pour reprendre les objectifs du développement durable et les trois composantes qui le composent (social, écologique et économique). Regardons quelles pourraient être les effets d’une pareille mesure.
Prenons les hypothèses suivantes :
Le coût global de la mesure serait de 360 M€, soit 28 % de moins que l’actuelle prime à la voiture. Elle concernerait 8 millions de voitures, soit à peu près autant de foyers, contre 250 000 aujourd’hui. Enfin elle permettrait une moindre dépense pour les ménages en nouveau véhicule.
Elle serait donc économiquement viable puisque 28 % moins cher que l’actuelle.
Elle serait socialement juste. Huit millions de personnes seraient concernées, et certainement avec des revenus plus modestes que les 250 000 bénéficiaires de la prime, soit 32 fois plus de ménages. Il est à noter aussi que cette prime au contrôle technique ne présenterait pas l’effet d’aubaine que crée chaque fois une prime aux voitures neuves. Sans prime il y aurait toujours eu un flux d’achat de ces véhicules primés.
Et elle serait écologiquement efficace. Car faire durer des équipements, c’est lutter contre l’obsolescence programmée, c’est favoriser l’économie circulaire. C’est certainement aussi favoriser le maintien de garagistes de proximité.
Et je serais curieux de savoir si, en plus, le bilan carbone ne serait pas meilleur !