Gérard Poujade. Maire du Séquestre. Vice-Président ESS et circuits courts Com. Agglomération Albi
La réforme des retraites est un feuilleton triste des injustices et des inégalités dans toutes les sociétés, pas seulement en France. Pourtant une variante du revenu universel permettrait de traiter toute une série thématique à la fois.
La retraite, voilà bien au moment, où les questions de mérite, de formation, de capacité de travail ne jouent plus.
La proposition est très simple : tous les retraités perçoivent le même montant de retraite. Ce serait une revenu universel appliqué à partir d’une date anniversaire.
Lors de la campagne de Benoît Hamon, tout un chacun y est allé du coût de la mise en place, qui aurait été exorbitante, d’un revenu universel. Ici, l’énorme avantage est que ce revenu universel qui concerne 16 millions de personnes en France, ne coûte pas un euro. Un quart des français aurait d’ores et déjà un revenu universel sans aucun changement ni du point de vue des cotisations sociales, ni de l’imposition.
Avantage 1 : Le montant, une mesure sociale
Le montant moyen d’une retraite mensuelle est en France de l’ordre de 1370 €. Il est important de noter que plus de la majorité des retraités touchent moins que ça. Je n’ai pas les chiffres exacts, mais les quelques bribes d’informations que j’ai pu collecter donnent à penser que 66% des retraités touchent moins que le revenu moyen, comme souvent dans les calculs de moyennes et de médianes.
Donc une minorité d’un tiers des français touche plus, et les deux tiers touchent moins.
On voit tout de suite qu’il s’agit d’une mesure éminemment sociale, puisque deux tiers des retraités auraient une pension revalorisée, ce qui représente plus de 10 millions de personnes.
Avantage 2 : la simplicité
L’universalité de la mesure s’appliquerait à une date anniversaire. A partir de celle-ci, le revenu moyen vu ci-dessus serait automatiquement appliqué. Donc finis les calculs complexes, les reconstitutions de carrières, les services administratifs de tous les régimes de retraites différents.
Une telle simplicité contribuerait certainement à alléger la gestion des retraites et donc diminuerait les coûts de gestion. Ces coûts pourraient utilement servir à abonder le montant mensuel.
Le montant moyen d’une retraite tournerait donc à 1.400 € net par mois
Avantage 3 : la lutte contre la pauvreté.
Selon comment on mesure le taux de pauvreté, on peut s’accorder sur un chiffrage de 1,3 millions de personnes que l’on sortirait immédiatement de la pauvreté (revenu inférieur à 1050 € mensuels). Cela diminuerait la pauvreté globale en France de près de 25%.
Sortir un quart des français avec une mesure qui ne coûte pas un euro, ni à la collectivité, ni aux entreprises, ni aux français, on aura du mail à trouver une mesure aussi efficace.
Avantage 4 : une parfaite égalité homme femme
Le critère est l’âge. Donc homme comme femme toucheront le même montant. L’âge de la retraite constituerait à rééquilibrer l’égalité des revenus de l’ensemble des français en égalisant ceux qui auraient atteint l’âge de la retraite.
Objection 1 : la perte de revenus pour ceux qui auraient touché plus.
Justement ceux qui toucheraient plus seront, et de très loin, ceux qui auront eu le plus de temps pour « stocker » ou accumuler plus. A quoi sert donc de faire persister cette différence au moment où ni le mérite ni la part produite, dans le cadre du monde du travail, n’intervient ?
Objection 2 : le traitement de ceux qui touchent plus aujourd’hui.
Tout d’abord ce point est à considérer par foyer. En effet, il peut fort bien y avoir dans un couple un des deux retraités qui touche plus et l’autre qui touche moins, il ne faut donc considérer que ceux dont la somme des 2 retraites est supérieur à deux fois le montant moyen, soit 2.800 € net.
Pour ceux-là, ainsi que pour la mise à niveau à coût constant, il faut imaginer une conversion des montants vers le montant moyen de 5 ans.
Objection 3 : Quid de ceux qui perçoivent des revenus supplémentaires (loyers, placements divers) ?
C’est l’imposition progressive qui permet de traiter la contribution des plus fortunés.
Une variante de ces questions peut être : que fait-on des 1% les plus riches ?
On peut toujours imaginer les exclure du dispositif, mais ce n’est pas une très bonne idée. D’une part parce qu’en remettant une conditionnalité, on complique à nouveau le dispositif. Et, de plus, si on redistribuait ce qu’auraient touché les 1% les plus riches, cela ne contribuerait à augmenter le revenu moyen de 14 € !
Conclusion : pourquoi ça ne se fera jamais ?
On le voit ci-dessus, les objections ne pèsent pas très lourd face aux objections et pourtant, ça ne se fera jamais. Pourquoi ?
Parce que tous ceux qui écrivent ou pourraient écrire ces règles touchent ou toucheront plus, voire beaucoup plus que le revenu moyen.
Je suis presque sûr que tous les parlementaires, les cadres des organismes de retraite ou les cadres de la fonction publique qui pourraient écrire de telles règles se retrouveront pratiquement tous dans les 10% les plus riches au moment de l’âge de la retraite.
Plus juste, plus égalitaire entre hommes et femmes, plus efficace pour lutter contre la pauvreté, plus simple, ne coutant rien à la collectivité une telle règle ne verra jamais le jour.
Riches et puissants, dormez tranquille.